villes de France : le classement du déshonneur
Le palmarès des villes françaises les plus inégalitaires
source : Observatoire des inégalités
Neuilly-sur-Seine d’un côté, Roubaix de l’autre : deux villes très différentes, mais aussi très inégalitaires. Saint-Nazaire est la plus égalitaire. L’Observatoire des inégalités dévoile le premier classement des grandes villes selon le niveau des inégalités de revenus.
Neuilly-sur-Seine et Paris sont les deux grandes villes françaises les plus inégalitaires en terme de revenus, si on utilise comme mesure l’indice de Gini [1]. Ce sont principalement des communes de la région parisienne qui arrivent en tête des villes les plus riches. L’Ile-de-France reste, de loin, le principal lieu de concentration des instances de décisions économiques, politiques, culturelles et par là même des hauts revenus et des gros patrimoines.
Mais les inégalités se creusent aussi par le bas. Ainsi, Roubaix apparaît au troisième rang des villes les plus inégalitaires, toujours selon l’indice de Gini, parce que les pauvres y sont encore plus démunis qu’ailleurs et que s’y maintient également une population aisée (même si cette dernière a peu à voir avec celle de Neuilly-sur-Seine).
Notre classement permet de mieux comprendre la disparité des territoires. Parler des « inégalités » en général, n’a pas la même signification à Sarcelles, à Versailles ou à Pessac. La perception que chacun a des inégalités dépend aussi du territoire où il vit. Attention tout de même. Il s’agit encore de données très rudimentaires, qui invitent à la plus grande prudence. Elles sont en particulier établies avant impôts et prestations sociales, ce qui tend à exagérer les inégalités. On ne sait rien non plus des niveaux de vie réels des très riches, les 5 ou 1 % du haut de la pyramide. Bref : il faut utiliser ces données comme des ordres de grandeurs significatifs d’une situation globale et non les interpréter à la virgule près. Il sera surtout intéressant de mesurer comment ce classement évoluera à l’avenir.
Le classement des villes les plus inégalitaires |
---|
Neuilly-sur-Seine (92) est la ville la plus inégalitaire parmi les plus grandes communes françaises, avec un indice de Gini égal à 0,517. Paris (75), Roubaix (59), Perpignan (66) suivent dans ce classement avec des indices respectifs de 0,490, 0,476 et 0,462. Les villes où la répartition des revenus est la moins inégalitaire sont Antony (92), Pessac (33) et Saint-Nazaire (44) avec un indice de Gini compris entre 0,336 et 0,330.
|
Les écarts de revenus |
Neuilly-sur-Seine (92) et Paris (75) sont les deux premières villes les plus inégalitaires selon l’indice de Gini. On les retrouve dans le classement des dix premières villes où l’écart absolu (c’est-à-dire calculé en euros) entre les revenus mensuels des 10 % les plus modestes et des 10 % les plus riches sont les plus élevés. Les habitants de Neuilly-sur-Seine les plus aisés touchent 9 417 euros de plus que leurs concitoyens les plus modestes, soit près de 11 fois plus. A Boulogne-Billancourt, l’écart de revenus est de 5 068 euros, à Paris, de 4 988 euros. Roubaix (62), classée parmi les communes les plus inégalitaires selon l’indice de Gini, fait partie des dix villes où l’écart absolu de revenus est le plus faible avec 2 012 euros. L’écart le moins élevé concerne Sarcelles (95) : il est de 1 888 euros, soit un rapport de 1 à 7 entre les plus pauvres et les plus aisés.
|
Pauvreté et richesse |
---|
Neuilly-sur-Seine (92) arrive encore en tête avec 10 392 euros si l’on considère le revenu mensuel minimum des 10 % des individus les plus riches. Boulogne-Billancourt (92) est en seconde position avec un revenu de 5 862 euros, soit près de deux fois moins qu’à Neuilly-sur-Seine. Les dix premières villes où les riches sont les plus riches sont exclusivement situées en région parisienne.
Ce sont principalement des villes de province du Nord et du Sud de la France qui abritent les personnes les plus pauvres comme Roubaix (59), Perpignan (66), Béziers (34), Calais (62). Roubaix affiche pour les 10 % des individus les plus pauvres un revenu mensuel maximum de 10 euros [2]…un revenu aux antipodes des 10 392 euros de Neuilly-sur-Seine. Perpignan, Béziers, Calais et Nîmes (30) suivent de près Roubaix avec un revenu mensuel maximum pour les 10 % les plus pauvres, allant de 68 à 169 euros. Certaines de ces villes font partie des plus inégalitaires selon l’indice de Gini car y vit aussi une population relativement aisée.
|
Les revenus médians |
---|
Les dix premières villes où le revenu médian mensuel par habitant est le plus élevé sont aussi celles où les riches sont les plus riches. C’est le cas notamment de Neuilly-sur-Seine (92) avec un revenu médian de 3 656 euros, de Boulogne-Billancourt (92) avec 2 508 euros, de Rueil-Malmaison (92) avec 2 490 euros mensuels.
La région parisienne apparait comme celle qui concentre une grande partie de la richesse en France. Mais une partie de cette région est aussi touchée par la pauvreté. Le revenu médian mensuel par habitant est très faible à Saint-Denis (93), et à Sarcelles (95), respectivement 980 et 992 euros. Parmi les autres dix grandes villes les moins riches, le revenu médian oscille entre 1 140 euros à Perpignan (66) et 786 euros à Roubaix (59). Trois des dix villes les plus inégalitaires sont classées parmi les dix villes les moins riches : Perpignan (66), Béziers (34) et Mulhouse (68), communes où se concentrent une grande pauvreté mais aussi de la richesse.
|
La méthodologie utilisée Nous avons retenu dans notre classement les 100 villes les plus importantes par leur population. Nous les avons ensuite classées selon l’indice de Gini, l’écart et le rapport entre le revenus des plus riches et des plus pauvres, le revenu médian mensuel, le revenu minimum des 10 % les plus riches et maximum des 10 % les plus pauvres. Les données utilisées sont des données fiscales de l’Insee. Elles ne comprennent pas les impôts payés et les prestations reçues. Elles tendent donc à exagérer les écarts en surestimant les revenus réels des plus riches et en minimisant ceux des plus pauvres. |
[1] L’indice de Gini mesure la répartition des revenus. Il est compris entre zéro et un. Plus il est proche de zéro, plus on tend vers une égalité parfaite c’est-à-dire que tous les individus ont le même revenu. Plus il est proche de un, plus la situation est inégalitaire. L’inégalité est totale à un : un individu détient tous les revenus.
[2] Attention, ce chiffre est hors prestations sociales.